jeudi, août 18

Mon témoignage: Dieu merci, je suis gay !

Aujourd’hui à presque 40 ans, je suis heureux d’être à la foi gay et chrétien. Je m’accepte tel que je suis et j’ai envie de partager ma joie de connaître le Seigneur auprès de mes frères gays et lesbiennes. Mais il a fallu un long chemin pour en arriver là.

Je suis né dans une famille catholique très pratiquante. J’allais à la messe tous les jours même si je n’avais pas de relation personnelle avec le Christ. C’est à l’âge de 10 ans que j’ai connu mes premiers émois sexuels avec un garçon de mon âge. J’ai vécu ça dans l’innocence. Mais j’ai vite compris que l’homosexualité était condamnée par beaucoup, particulièrement dans l’Eglise. Je me sentais différent des autres, et je me suis isolé car je me croyais seul au monde et je n’avais personne à qui parler de mon orientation sexuelle. Je me souviens avoir prier Dieu de me libérer de l’homosexualité. J’étais désemparé.

Adolescent, je me suis d’abord éloigné de la foi, puis j’ai connu le Renouveau Charismatique qui m’a permis de connaître personnellement le Seigneur. Je me souviens du rassemblement Pentecôte 82 (j’avais 17 ans), où des dizaines de chrétiens de toutes confessions étaient rassemblés dans un stade à Strasbourg. J’ai participé à de nombreux rassemblements et groupes de prière charismatiques, et j’ai aussi été engagé dans des groupes évangéliques, notamment les Groupes Bibliques Universitaires. J’ai voulu m’impliquer encore d’avantage en entrant dans la fraternité jeunes d’une communauté charismatique à Lyon. J’espérais pouvoir parler de mon orientation sexuelle, mais je n’ai pas osé. Je croyais que je serai condamné. J’ai donc continué à vivre une vie compartimentée : il y avait d’un côté le chrétien enthousiaste, de l’autre l’homosexuel qui multipliait les rencontres d’un soir. N’arrivant pas à intégrer ma foi et mon homosexualité, ma sexualité était devenue compulsive. Au bout d’un moment, cette double vie m’est devenue insupportable et j’ai choisi de quitter cette communauté où je ne me sentais pas libre.
A cette époque, je luttais contre mon orientation sexuelle. J’ai même demandé au responsable d’une communauté charismatique de m’imposer les mains pour me libérer des « esprits de l’homosexualité ». Je luttais contre moi-même.

J’ai ensuite erré à la recherche d’une voie qui m’apporterait la libération intérieure. Je me suis intéressé au bouddhisme, à l’hindouïsme et au nouvel âge. Je participais à de nombreuses sessions de développement personnel, et je dévorais les livres sur le sujet. Je cherchais un sens à ma vie. C’est en me formant au rebirth (technique basée sur le respiration et visant à se libérer des traumatismes issus de la naissance) que j’ai ressenti le besoin de faire mon coming out auprès de ma famille, en commençant par la mère. C’est ce que je fis en 1995, à l’âge de 30 ans, en lui envoyant une lettre. Alors que je m’étais préparé au pire (être exclu de ma famille par exemple), j’ai été surpris par la réaction de ma mère : elle m’a téléphoné pour me dire qu’elle me trouvait courageux, et surtout elle m’a dit qu’elle m’aimait comme j’étais. J’étais bouleversé. Ce fut un moment très fort. Pour moi, le coming out avec ma mère puis avec les autres membres de ma famille a été une véritable libération intérieure qui s’apparente à une expérience spirituelle. Mes relations familiales se sont améliorées, et mon estime de moi s’est renforcée. Je n’avais plus honte de ce que j’étais, et j’ai pu en parler avec ma famille.

Il restait malgré tout un vide en moi. Mes diverses recherches spirituelles ne m’avaient pas comblé. Je me suis alors progressivement de nouveau tourné vers la foi chrétienne, en priant et lisant la Bible. Je sentais aussi la nécessité de me lier à d’autres chrétiens, mais je ne pouvais pas envisager de revenir à l’Eglise Catholique Romaine compte tenu du caractère homophobes de certains de ses documents officiels. Heureusement, en juillet 2003, j’ai entendu parler de l’élection dans l’Eglise Episcopale (nom de l’Eglise Anglicane aux Etats-Unis) d’un évêque gay vivant avec son partenaire depuis 14 ans. Ce fut pour moi une révélation. Il existait donc une Eglise qui accueillait les gays ! J’ai alors cherché des informations sur Internet, ce qui m’a permis de connaître l’existence de la Cathédrale Américaine à Paris. J’y suis allé pour la première fois fin juillet et là j’ai eu un deuxième choc : l’eucharistie était célébrée par une femme prêtre ! Je découvrais une église inclusive vis-à-vis des gays et des femmes. Depuis cette date, je suis devenu membre actif de cette congrégation. En octobre 2004, j’y ai créé, avec le soutien du clergé, un groupe destiné aux gays et lesbiennes, ainsi qu’à leur famille et leurs ami(e)s : le groupe Lambda. Au total une vingtaine de personnes ont assisté à l’une des études bibliques qui ont été proposées. Nous allons poursuivre en 2005/2006 avec 2 réunions par mois et de nouvelles activités : repas convivial, ateliers (ex : découvrir ses dons spirituels ; cybersexe et amours virtuelles ; théologie du corps), prières, etc. Je me sens privilégié et béni de participer à la vie de ce groupe. C’est aussi une façon pour moi de développer avec d’autres gays des relations fraternelles, où la séduction laisse la place au désir de progresser ensemble dans la foi. Depuis 2 ans que je suis engagé dans mon église et que ma relation avec Jésus s’est rétablie, ma vie s’est transformée. Ma sexualité, qui a longtemps été réduite à sa dimension génitale, se modifie peu à peu. J’apprends d’autres manières de me comporter, plus conformes à l’Evangile, même si j’ai encore beaucoup de progrès à faire.

Tout au long de mon chemin de vie, je sais que le Seigneur a toujours été présent à mes côtés, même si je l’ai souvent oublié. Il m’a appris à m’aimer tel qu’Il m’a créé, et à voir dans mon homosexualité une bénédiction dont je peux faire profiter l’Eglise. Je suis conscient de ma responsabilité de baptisé et j’essaye de faire de mon mieux pour prendre ma place dans le Corps du Christ. J’ai aussi à cœur de partager largement mon expérience et ma joie d’avoir réussi à réconcilier foi et homosexualité. C’est pourquoi j’ai créé en avril 2004 un site web (http://gayanglican.free.fr) puis un blog (http://gayanglican.blogspot.com), qui accueille à ce jour plus de 1000 visiteurs par moi. Je reçois régulièrement des emails et j’ai rencontré certains internautes qui sont devenus des frères et sœurs en Christ. Je suis heureux de pouvoir vivre cette « communion de saints » avec des personnes LGBT. J’ai aussi pu participer à deux retraites inclusives : l’une à Lille en 2004, et l’autre en région parisienne en 2005. C’est à chaque fois un moment très fort de partage et de ressourcement. C’est là que j’ai eu la joie de connaître d’autres groupes chrétiens LGBT, tels que l’Eglise MCC. Je remercie le Seigneur de me faire vivre toutes ces occasions de me rapprocher de Lui. Oui, décidemment, je peux dire : « Dieu merci, je suis gay ! »

Jean-Marc

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Amen !