dimanche, novembre 27

27 novembre 2005, 1er dimanche de l’avent

 Commentaire de l'Evangile de ce dimanche: Marc 13 : 33-37

Dans le chapitre 13 de l’évangile de Marc, Jésus évoque les temps de grande détresse qui vont précéder la venue du Fils de l’Homme, les événements terribles, les faux prophètes…Le chapitre 14, lui, retrace le début des événements de la Pâque de notre Seigneur.
Au milieu de tant de tourmente, une seule recommandation du Maître, notre lecture du jour : « Veillez » ! Jésus nous invite ainsi à rester « éveillés », par opposition à être « en train de dormir ». Comment comprendre cette affirmation ? Car nous ne pouvons nous priver de sommeil jusqu’à la venue du Fils de l’Homme ! Il doit donc s’agir de quelque-chose de plus subjectif, de plus subtil que la différence veille/sommeil physiques. Pour preuve, la parabole des dix vierges (Matthieu 25 : 1-13), dont cinq étaient sages, et cinq folles : les dix se sont endormies ; puis, toutes se sont réveillées à l’arrivée de l’Epoux ; et celles qui avaient des réserves d’huile ont été admises dans la salle des noces. Ainsi le sommeil n’interdit pas l’entrée dans la salle de noces, l’absence de réserve d’huile semblant par contre prohibitive. L’huile représente peut-être la continuité de conscience, la vigilance de chaque instant, notre présence continuelle à Dieu : « Heureux est l’homme…qui murmure sa loi jour et nuit » (Psaume 1). Et le/la juste, qui s’est laissé(e) imprégner de Dieu durant toute la journée, voit son sommeil placé sous le regard de Dieu, proche et protecteur.
L’état de veille auquel Jésus nous exhorte nous permet de nous élever au-dessus de nos obscurités, celles inhérentes à notre humanité, à notre vision limitée, à nos conditionnements, à nos peurs - à l’empreinte en nous du péché pour employer la terminologie chrétienne. Car le péché est le fait de se couper de Dieu. Notre être ne laisse plus filtrer la lumière et l’amour de Dieu. Pourtant nous sommes infiniment aimé(e)s de Lui - Elle, depuis toujours et à jamais… Il s’agit donc de s’élever en conscience afin de s’établir à ce niveau où la lumière et l’amour deviennent ressentis, vécus - incarnés.

Ces paroles d’apparences mystiques – ou fantaisistes selon la sensibilité ! – me semblent trouver un parallèle flagrant dans la psychanalyse. Freud nous enseigne que « là où est le çà, doit advenir le moi », c’est-à-dire que l’inconscient ténébreux doit être résorbé par la lumière du conscient. Alors nous cessons d’être guidés comme des marionnettes par des programmations cachées dans l’inconscient qui oeuvrent malgré nous, et nous devenons libres, non conditionnés, capables d’effectuer des choix réels : ici nous rejoignons Paul qui nous dit que « là où est l’Esprit, là est la liberté » (2 Corinthiens 3 : 17).

Veiller, être sur ses gardes, c’est en fait être concentré à chaque instant sur le présent, sur ce qui s’y passe : à l’extérieur de nous –ce dont nous informent nos cinq sens- ; mais aussi sur ce qui vient de nous-mêmes : nos pensées, nos paroles, nos actions. Cette concentration permet à notre conscience de s’unifier, alors que notre nature de "pécheur" est à la dispersion. Veiller = se concentrer = s’unifier…C’est peut-être l’aboutissement de ce processus qui a permis à Jésus de dire : « Moi et le Père nous sommes un » (Jean 10 : 30), cette unification intérieure étant également unification à Dieu. En tous cas nous pouvons penser que mettre fin à la dispersion par la concentration de la veille est le moyen qui nous permet de rentrer dans le Royaume puisqu’ « étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie » (Matthieu 7 : 14).
Par la veille nous nous arrachons, seconde après seconde, à notre obscurité, nous maintenons notre lampe allumée (c’est peut-être cette lumière qui vaut aux saints, ainsi qu’à Jésus bien sûr, d’être fréquemment représentés avec un halo lumineux), et en maintenant cette petite lampe allumée, un jour sûrement le Seigneur nous inondera de Sa lumière sans fin – ce qui pourrait être une explication de la parole mystérieuse de Jésus lorsqu’il explique qu’à « tout homme qui a, l’on donnera et il sera dans la surabondance ; mais à celui qui na pas, même ce qu’il a lui sera retiré » (Matthieu 25 : 29). Tenons donc allumée notre humble lumière – notre présence consciente et continue au Christ - afin qu’un jour, il nous établisse à jamais dans son ineffable lumière - ce qui peut se produire dès ici-bas, puisque « certains ne mourront pas avant de voir le Fils de l’homme venir comme roi » (Matthieu 16 : 28).

Questions
1. Quelle est ma compréhension de l’exhortation de Jésus à veiller ?
2. La présence continue à Dieu est-elle intégrée à ma vie quotidienne ?
3. Si oui, de quelle manière ? (lectio, prière, présence consciente…).
4. Si non, ai-je le désir de m’éveiller à cet aspect de la vie chrétienne ? par quels moyens ?

Prière


Jésus, toi dont « la lumière brille dans les ténèbres » (Jean 1 : 5), éclaire-nous à chaque instant, à chaque minute aide-nous à nous souvenir de Toi, permets-nous de vivre dans Ta présence qui est Vie. Amen.

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