Depuis une flambée d'émeutes en 2001 dans le nord de l'Angleterre, et surtout, depuis les attentats de Londres en juillet, les Britanniques s'interrogent sur les bienfaits et les limites du multiculturalisme en vigueur au Royaume-Uni, une politique qui laisse chaque communauté vivre librement sa propre culture. Ses défenseurs rappellent qu'elle est une source de tolérance et de diversité, qui, conjuguée à une politique active de lutte contre les discriminations, a permis une représentation politique plus équitable, et au total, une meilleure intégration des minorités ethniques. Mais des voix de plus en plus nombreuses soulignent que le système a aussi conduit à accroître l'isolement entre les communautés et à renforcer la ségrégation sociale.
La dernière en date des critiques contre ce modèle émane d'un personnage influent et respecté, d'origine ougandaise, John Sentamu, archevêque de York, et numéro deux de l'Eglise anglicane. Dans un entretien au Times, publié mardi 22 novembre, il attaque vivement le multiculturalisme et exhorte les Anglais à redécouvrir leur identité nationale. "Le multiculturalisme, affirme-t-il, autorise les autres cultures à s'exprimer mais il empêche la culture de la majorité d'exprimer ses victoires, ses combats, ses joies, ses souffrances". Le multiculturalisme, ajoute-t-il, est un concept qui a échoué à montrer ce que recouvre le fait d'être Anglais : "L'Angleterre est la culture dans laquelle j'ai vécu, et que j'aime. Mes enseignants étaient Anglais. C'est la culture que j'ai connue en grandissant".
Elevé en Ouganda dans une famille de treize enfants, John Sentamu y a reçu une formation de magistrat. Juge à la Haute Cour de Kampala sous le régime du dictateur Idi Amin Dada, il quitta son pays après avoir été sérieusement battu. Nommé conseiller dans l'enquête (1997-99) sur la mort de Stephen Lawrence, un jeune homme victime d'un crime racial qui avait bouleversé l'Angleterre, il avait reçu à l'époque des lettres racistes. Connu pour son franc-parler, il a, dans cet entretien au Times, justifié une nouvelle fois sa réputation.
Après la flambée de "violences urbaines" que la France vient de connaître, et face à la tentation du communautasime (y compris chez les gays!), peut-être devrions-nous nous inspirer des propos de John Sentamu.
Qu'en pensez-vous ?
3 commentaires:
Avis personnel : quand on voit ce que la "communauté gay" ou la "communauté catholique" ont de normatif et d'exclusif, je me demande comment sont les autres communautés...
En tous cas, une communauté renfermée sur elle-même sent mauvais, en général.
Je me sens d'abord homme avant de me définir, sur un même plan comme blanc, catholique, bisexuel, musicien.
La conception anglaise de la multicuturalité est une séduction pour les politiques français (certains)
Chaque communauté est reliée par des liens familiaux, les liens de la loyauté, c'est la base du communautarisme.
Il faut être loyal à l'intérieur du clan et le clan est reconnu par l'Etat, Gilles Keppel dans "A l'Ouest d'Allah" rappelle que les politiciens anglais vont faire campagne aux portes des communautés.
C'est un modèle qui donne beaucoup de solidarité mais qui isole, et dont l'expression politique est étroite.
L'appartenance à la communauté devient une raison d'être.
Ce qui est un obstacle à l'évolution, l'être humain ne peut vivre tout le temps dans son berceau.
C'est la confrontation avec les autres cultures, les autres manières d'êtres qui lui permettent de se repérer, de s'inviduer.
Anna Ahrendt disait "Le monde n'a jamais vu le sacré de la nudité d'un être humain".
Le modèle chrétien est inclusif, au delà de toutes les barrières, le défi de dépasser les frontières de la communauté a été posé dès le début.
Au milieu des conflits entre les araméens et les héllénisants, entre les grecs et les hébreux, les hommes les femmes, les hommes libres et les esclaves.
A Philémon (Propriétaire d'un esclave en fuite) l'Apotre Paul disait .. "a toi il t'a été inutile ... mais à moi il m'a été utile ... traite le comme un homme et un frère .."
Il a seulement fallu 19 siècles pour que cette parole produise l'interdiction de la vente des être humains (1830) Grande Bretagne, à l'initiative d'un chrétien Anglican (Lord Arthur Wilberforce).
C. (De la communauté des Sans-Blogs)
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