mardi, septembre 26

Rester en communion avec les chrétiens qui ne partagent pas nos idées

J'animais dimanche dernier dans mon église la première d'une série de 6 réunions consacrées à l'étude de "To Set Our Hope On Christ", un document exposant à partir de quelles bases (Bible, Tradition, Raison) l'Eglise Episcopale a été amenée à inclure pleinement les gays et lesbiennes dans la vie de l'Eglise, y compris en les ordonnant/consacrant ou en bénissant leurs unions.

La première réunion était introductive et invitait chacun à rester en communion les uns avec les autres, notamment avec ceux dont les vues diffèrent des nôtres. Après tout, l'Eglise devrait être un lieu de réconciliation où le Christ puisse se manifester. "L’Église est le corps du Christ; c’est en elle que le Christ est pleinement présent, lui qui remplit tout l’univers.” (Ephésiens 1,23). Il n'est pas toujours facile de considérer les chrétiens conservateurs, voire homophobes, comme des frères. Pourtant, le Christ est aussi mort pour eux, et nous sommes frères et soeurs en Christ, et fils et filles du même Père. Comme dirait peut-être le théologien James Alison, il n'y pas EUX et NOUS, mais un seul NOUS incluant conservateurs et libéraux.

Dans cet esprit, voici un texte que nous avons lu ensemble, et que je voudrais vous partager. Il est extrait de To Set our Hope On Christ. Partagez-vous les idées qui y sont exprimées ?
Nous tirons également notre espérance et recherchons conseil dans les enseignements de l’Apôtre Paul aux églises en conflit. Dans Romains 14-15 et 1 Corinthiens 8-10, s’adressant aux premières communautés chrétiennes qui étaient en sérieux désaccord au sujet de questions majeures, St Paul passe son temps et son énergie à œuvrer pour l’unité de l’Eglise au travers des lignes de division. Il fait cela de plusieurs manières : il invite ceux et celles qui simplifient trop les débats à se focaliser plutôt sur les besoins du prochain que Dieu accueille (Romains 14 :3), que le Christ accueille (Romains 15 :7), et pour qui le Christ est mort (1 Corinthiens 8 :11). Penser que le Christ est aussi mort pour les personnes avec qui nous avons des désaccords change le climat dans lequel notre discussion a lieu. Dans Romains 14-15, Paul donne comme argument que les églises en conflit doivent s’accueillir les unes les autres – mais pas pour se disputer. Au contraire, chacune doit voir dans l’autre celle que Dieu accueille et, par conséquent, celle qu’elle devrait elle-même accueillir. Jésus était ouvert aussi bien aux exclus qu’aux gens respectables, cherchant toujours à restaurer l’unité parmi eux (Matthieu 8:4). Pour Pierre et le reste des disciples qui, bientôt, le renieraient et l’abandonneraient, Jésus prononce la profonde prière du « Grand Prêtre » : “ Qu’ils soient un en nous pour que le monde croie que tu m’as envoyé.” (Jean 17:21). Compte tenu de tels actes de compassion, de générosité et de disponibilité de la part de notre Seigneur, combien plus devrions-nous continuer à être en koinonia (communauté) et être généreux avec ceux avec qui nous sommes en désaccord.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Le texte que tu nous partages invite à une grande tolérance. Pourtant j'ai beaucoup de mal avec les chrétiens homophobes. Qui manifeste le comportement le plus chrétien ? Le chrétien qui va à l'Eglise tous les dimanches mais qui est homophobe ou le l'athée qui défend les exclus? Rahner aurait qualifié ces derniers de "chrétiens anonymes".
Et pourtant,tu as raison. Christ est mort pour eux comme pour moi (qui finalement est autant pécheur que les homophobes)... Cela, je le comprends intellectuellement mais je ne le vis pas dans mon existance.
Seigneur, augmente en moi ton amour !
Amen !
Seb

Anonyme a dit…

tout à fait d'accord avec ton analyse et le texte que tu nous communiques, cher Jean-Marc.
L'unité, nous en sommes si loin! même à l'intérieur d'une même Eglise!
Mais si l'acceuil de l'autre ne résoud pas tout, il a au moins l'avantage de mettre la charité d'abord. Les dogmes sans charité peuvent s'avérer dangereux. Dialogue et charité, accueil et unité...le chemin est si long: essayons d'en être les petites lumières. Bien à toi

Anonyme a dit…

C'est un peu ce que je réalise depuis un certain temps. Je me dois d'être inclusif envers ceux et celles de qui je souhaite une attitude inclusive même s'ils ne le sont pas. Il n'y a pas de spiritualité possible sans pardon envers ceux qui nous offensent...

XTIAN a dit…

c'est un sujet sensible pour moi ...sans être trop long je dirais simplement que j'ai tout fait pour aller dans le sens de la plus grande tolérance envers ceux qui en église n'acceptaient pas ma présence,mes liens avec certains paroissiens amis,ma relation privilégiée avec l'un deux;mon implication dans la direction paroissiale,mes prises de position...mes mains je les ai tendu à ceux dont je savais qu'ils me démolissaient par ailleurs...il y a des limites à l'innaceptable...elles sont atteintes au moment où l'on vous détruit et l'on vous chasse avec énormément de violence...où l'on brise vos amours...l'acmé en fut atteinte lors des débats dans l'église réformée sur l'homosexualité...ce que j'ai entendu là est à peine soutenable...alors j'ai démissioné de toutes mes fonctions et je suis parti...personne n'est venu me chercher,pas même ceux que je croyais courageux...j ai pardonné parce que la haine tue surtout celui qui haït et que cela suffisait comme ça...mais il y a des limites au pharisianisme...là dessus le message du christ est trés clair"qui sont mes fréres,qui sont mes soeurs ?"
aujourd'hui j'ai une énorme blessure à cet endroit :les sentiments de trahison sont les plus douloureux qui soient...en ce moment même des paroissiens jaloux qui exercent la même profession que moi cherchent à me nuire par ce biais ...ma vie de chrétien est brisée,je ne sais même plus si j'ai encore la foi... je n'ai plus que des questions sans réponses et des silences

Anonyme a dit…

Comment supporter cette communion ?
Je veux dire, je ne me sens pas la force de me sentir un avec eux, les racistes, les homophobes, les extrémistes.
C'est audessus de moi tout çà.
J'ai déjà du mal à contenir ma colère envers eux, comment pourrais-je les aimer alors qu'ils m'ont désigné comme leur enemi.
Je n'ai pas assez de foi pour suivre en celà la voix tracée par le Christ et ses apotres...

Jean-Marc a dit…

Il n'est pas facile d'aimer nos ennemis. Mais c'est pourtant un commandement de Jésus. Sans doute ne pouvons-nous pas faire cela de nous-mêmes, et devons-nous laisser Jésus aimer en nous. Lui-même a été trahi, abandonné. Il a pourtant continué à aimer. Son exemple peut nous aider à aller au-delà de notre désir souvent légitime de nous opposer aux chrétiens homophobes. Ne sommes-nous pas tous dans le même bateau, pêcheurs pardonnés appelés à répandre l'amour de Dieu autour de nous ?
Seigneur, apprends-nous à nous appuyer sur Toi pour préférer la Communion à la lutte fratricide !