Article complet du Monde
Malgré les fortes résistances plusieurs députés de sa majorité, le gouvernement a réussi à faire voter l'aggravation des sanctions pénales contre les propos discriminatoires. L'Assemblée a étendu ces dispositions aux attaques visant les handicapés.
Extraits du débat houleux qui a précédé le vote:
Christine Boutin:"Il serait pour le moins surprenant d'accepter de considérer la discrimination à l'encontre des homosexuels, mais pas des handicapés". "Le but de ce texte n'est pas d'énumérer toutes les personnes qui souffrent" a répondu Pascal Clément, le président (UMP) de la commission des lois. "La volonté politique est de se concentrer sur les femmes et les homosexuels qui, depuis si longtemps, sont maltraités par la société." "Evidemment, les handicapés ne sont pas organisés en lobby !", s'est exclamée Mme Boutin.
"Toute segmentation de la protection des droits de l'homme remet en cause leur universalité et leur indivisibilité." "Le débat est juridique", a précisé M. Garraud. "Il n'y a pas d'un côté les homophobes et de l'autre les donneurs de leçon." "Je me fais l'écho des inquiétudes, voire de l'opposition farouche des professionnels de la presse", a pour sa part défendu M. Baguet.
"Je voudrais être rassuré", a plaidé Marc Le Fur . "Nous craignons que, de concession en concession, on ne finisse par céder sur l'essentiel, c'est-à-dire sur le mariage -homosexuel- et les enfants." "Derrière ce texte se dessine un projet de société que je n'accepte pas", a ajouté M. Le Fur.
S'élevant contre "une certaine police des idées", Jean-Marc Nesme (UMP, Saône-et-Loire) a estimé que, "dans notre société, ce ne sont pas les homosexuels qui sont le plus en danger, ce sont les enfants". "En quoi un comportement qui peut être jugé critiquable serait-il privilégié par rapport à d'autres ?", s'est interrogé Christian Vanneste. Dénonçant un "contresens", le député (UMP) du Nord a rejeté "le terme même d'homophobie", jugeant qu'il "tend à accréditer l'idée que le comportement homosexuel a la même valeur que d'autres, alors qu'il est évidemment une menace pour la survie de l'humanité".
"Nous ne sommes à l'évidence pas d'accord", n'a pu que déplorer M. Perben.
Même si on peut comprendre certains des arguments soulevés par les députés UMP, il n'en demeure pas moins que la passion soulevée par le sujet de l'homophobie est révélatrice à mon avis des difficultés qu'ont certains à reconnaître le droit à la dignité des gays et lesbiennes dans notre société. Ils voudraient les cantonner à une vie privée discrète. Or c'est précisément là où les homosexuel(le)s ont changé. Ils se revendiquent comme tel(le)s, qu'ils soient chrétiens ou non, de droite ou de gauche, et ils veulent pouvoir être et exprimer ce qu'ils (elles) sont en toute sécurité sans s'exposer aux insultes et à la diffamation . Est-ce vraiment trop demander ?
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