J'ai vécu aujourd'hui une expérience de pardon mutuel aussi inattendue que bouleversante . Elle s'est déroulée à la superette de mon quartier où je me rendais pour faire des courses.
Après avoir payé mes achats et être sorti du magasin, je me rends compte que la caissière a oublié de m'appliquer une réduction immédiate sur un produit. Je reviens donc sur mes pas pour lui demander gentillement si elle pouvait rectifier. Elle est d'accord pour le faire mais l'autre caissière qui est à ses côtés commence à mettre son grain de sel en me disant que ce n'est pas possible, etc. Je lui fait comprendre d'un simple geste de la main que ce n'était pas son problème. Je la sens vexée mais cela ne va pas plus loin.
Quelques minutes plus tard voici que cette même caissière m'insulte violemment: "espèce de con" me lance-t-elle devant tout le monde! Sur le coup, je suis interloqué par cette violence verbale et son audace. Je m'adresse au directeur du magasin en lui demandant de réagir. C'est alors que la caissière en rajoute :"va te faire enculer" me dit-elle. Je perds alors mon calme. Je suis à deux doigts de la frapper. Heureusement on m'en empêche. La caissière part. J'exige des excuses ! Le directeur rejoint alors la caissière dans la réserve du magasin et revient au bout d'un moment. Il me propose que nous nous présentions mutuellement des excuses. Je suis dans mon bon droit et je dois m'excuser !!! Et quoi encore !
C'est alors qu'un éclair de lucidité me traverse. Cette caissière, j'avais déjà eu un gros clash avec elle il y a peut-être un an. Pour une broutille une fois de plus. Que son comportement ait été inacceptable à l'époque importe peu. Toujours est-il que cette haine mutuelle était restée enfouie dans nos coeurs, et qu' elle continuait inconsciemment à influencer nos rapports réciproques. J'y repense d'ailleurs à chaque fois que je revois cette femme. Et je suis sûr qu'elle aussi. Mon geste de la main d'aujourd'hui avait été guidé par cette rancoeur, et il avait été interprété comme si se rejouait en cet instant la même scène qu'il y a un an. D'où la violence de la réaction. Qu'était-il le plus important pour moi à présent: avoir raison ou avoir la paix ? J'avais l'opportunité, en m'expliquant avec la caissière, de me libérer de cette haine et de "pardonner à celle qui m'avait offensé". Bref, appliquer le "Notre Père" dans une situation concrète de mon existence.
J'ai donc accepté de rejoindre la caissière à la réserve en présence du directeur du magasin. Tout de suite je lui demande pardon pour le manque de respect que j'ai eu avec mon geste déplacé. Je lui demande de s'excuser aussi. Elle me confie qu'elle est souvent agressée dans ce magasin. Je lui explique que nous vivons avec le souvenir d'un conflit passé qui nous fait souffrir tous les deux et que je souhaite que nous puissions dépasser ça. Elle aussi souhaite la même chose. Elle me demande pardon. Je suis ému. J'ai envie de l'embrasser. Je me retiens par pudeur. Je la vois sourire et j'ai les larmes aux yeux. En un instant, l'enfer est devenu paradis. Puissance du pardon.
Merci Seigneur !
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