jeudi, avril 7
Le pontificat du Jean-Paul II: un bilan négatif pour les gays et lesbiennes
Voici une semaine que Jean-Paul II est mort. La couverture médiatique de cet évènement tourne à l'hystérie collective . L'émotion est exploitée au maximum. Tout le monde fait l'éloge de ce pape et certains le considèrent déjà comme un saint. Bien que les catholiques romains le considèrent comme le vicaire du Christ, on parle peu de Dieu finalement. Comme si le personnage était plus important que Celui qu'il est censé représenter.
Pour les gays et lesbiennes, la pilule est encore plus amère. Certes, comme je le rappelais le 2 avril, le pape peut être crédité de beaucoup de belles choses. Mais dans le cadre d'un blog traitant des questions liées à la foi et à l'homosexualité, il faut bien reconnaître que son bilan fut largement négatif pour les gays et lesbiennes.
En 1978, alors que l'Église catholique semblait assouplir sa position envers l'homosexualité, l'élection de Karol Wojtyla, un évêque polonais, au Saint-Siège, met fin aux espoirs d'évolution favorable en matière de mœurs. En 1986, Jean-Paul II lance sa première offensive contre l'homosexualité. Dans une «Lettre aux évêques de l'Église catholique sur la pastorale à l'égard des personnes homosexuelles», rédigée par le Cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le pape assume dès cette époque une position particulièrement ferme : «Bien qu'elle ne soit pas en elle-même un péché, l'inclination particulière de la personne homosexuelle constitue néanmoins une tendance, plus ou moins forte, vers un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue moral.C'est la raison pour laquelle l'inclination elle-même doit être considérée comme objectivement désordonnée.» L'orientation homosexuelle n'est donc pas, en soi, un péché, mais elle est mauvaise. Le texte poursuit : «On doit éviter la supposition, injustifiée et dégradante, que le comportement homosexuel des personnes homosexuelles est toujours et absolument compulsif, et dès lors irresponsable. En réalité, il faut aussi reconnaître à ceux qui ont une tendance homosexuelle la liberté fondamentale qui caractérise la personne humaine et lui confère sa dignité particulière. En raison de cette liberté, comme en tout renoncement au mal, l'effort humain, éclairé et soutenu par la grâce de Dieu, pourra leur permettre d'éviter l'activité homosexuelle.»
En 26 ans de pontificat, la position du pape sur le sujet est restée la même. Au fil des années, tandis que de plus en plus d'États reconnaissaient les couples gay et lesbiens, l'opposition du Vatican à l'homosexualité s'est focalisée sur la défense de la «famille traditionnelle». En France, par exemple, la conférence des évêques a qualifié la loi de 1999 sur le Pacs d'«inutile et dangereuse». En février dernier, avec la publication du cinquième livre du pape, «Mémoire et identité», recueil d'entretiens entre le chef de l'Église catholique et deux philosophes, datant de 1993, Jean-Paul II réaffirmait son opposition au mariage des homos : «Il est légitime et nécessaire de se demander s'il ne s'agit peut-être pas d'une composante d'une nouvelle idéologie du mal, peut-être plus insidieuse et plus secrète, qui tente d'opposer les droits humains à la famille et à l'homme.» Cette rigueur morale, à la limite de la rigidité, s'exprime aussi par l'intransigeance du pape sur la place des femmes.
En ce qui concerne le sida, Jean-Paul II ne s'est guère montré plus ouvert. Prônant la fidélité et la chasteté comme moyens les plus efficaces de lutter contre la maladie, il considérait que «l'acte contraceptif est intrinsèquement illicite : la norme morale est telle qu'elle ne peut souffrir d'exception». Enfin, en 2003, un lexique des mots ambigus concernant la famille, la vie et les questions éthiques publié par le Vatican accusait les partisans du préservatif de cacher le fait que des tests montrent que dans 10% des cas, la capote ne protègerait pas du sida.
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2 commentaires:
En fait, Jean-Paul II est un durcissement de la position de Paul VI en 1975, dans l'encyc. Person. Hum. Paul VI considérait simplement que, en dehors du mariage, pas de sexe. Et donc les homosexuels étaient comme tous les autres "non mariés" (jeunes, célibataires, divorcés, etc.): tenus de vivre dans l'abstinence. Avec l'arrivée de Jean-Paul II, s'y ajoute le fait que la privation d'une orientation sexuelle hétérosexuelle est une telle voie vers le péché, qu'il faut tout faire pour éviter de donner la moindre impression qu'on soutient les homosexuels d'une manière ou d'une autre, par exemple en leur donnant des droits. Plus tard, vers 1986, s'y ajoute la doctrine que les couples homosexuels durables et monogames, et que les familles où des homosexuels sont parents, sont de véritables agressions contre les hétérosexuels, et donc doivent être interdites même au plan civil. Du coup, les homosexuels prennent le rôle d'agresseurs et deviennent une menace, et leur statut de victime est totalement nié. Vous avez dit "négationnisme"?
Je me demande s'il ne faudrait pas dépasser les rôles d'agresseurs et de victimes. Les LGBT baptisés sont des membres du Corps du Christ à part entière. Prenons simplement notre place dans l'Eglise, devenons incontournables sans attendre d'autorisation. Plus facile à dire qu'à faire certes...
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