mardi, mai 24

En Suisse, le projet de PACS divise catholiques et protestants

On pense parfois que les chrétiens sont unanimes dans leur opposition aux droits des gays et lesbiennes.
Pourtant, des différences existent bel et bien comme en témoigne l'actuel débat autour du la loi sur le partenariat enregistré en Suisse, déjà votée par les Chambres mais combattue par un référendum. Ce Pacs, limité aux seuls homosexuels et interdisant l'adoption et la procréation assistée, est approuvé par les protestants et rejeté par les catholiques (majoritaires en Suisse).

La Tribune de Genève publie à cette occasion un échange fort instructif entre Nicolas Betticher, chancelier de l'évêché catholique de Lausanne, Genève et Fribourg, et Pierre Buehler, professeur de théologie protestante à Zurich. Ca vaut la peine de le lire en entier.
L'argumentaire catholique est conforme à la position du Magistère romain. Par contre, le discours du protestant surprend par son ouverture.

Voici quelques citations de Pierre Buehler:
Je vois mal comment on peut reconnaître les homosexuels dans leur différence et leur dénier le droit de vivre leur sexualité en responsabilité. Je crains même que cette condamnation à vivre seul alimente l'homophobie.
L'homme est un être sexué. C'est le discriminer que de lui interdire de vivre sa sexualité.
Dans la relation à Dieu, il n'y a pas de différence qu'on soit homosexuel ou hétérosexuel. Nous sommes tous également enfants de Dieu. L'homosexualité n'est ni une maladie ni l'effet d'un être inachevé. Tout être humain est inachevé et imparfait. Et comme l'apôtre Paul, je dis: dans la relation à Dieu, il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni homme libre ni esclave, ni homme ni femme. Voilà pourquoi il est légitime que notre société institutionnalise aussi cette relation particulière. Un simple aménagement des droits tel que vous le proposez n'aurait pas la force symbolique du pacs. Les Eglises ont trop longtemps été - certaines le sont encore, même en Suisse - des acteurs de la discrimination, pour ne pas s'engager aujourd'hui pour le pacs comme un signe clair.
Sans être concurrentes, les deux formes (mariage et pacs) sont parentes. Il s'agit en effet de structurer pour la vie la relation entre deux personnes. On retrouve donc les mêmes principes de responsabilité réciproque, d'entraide, de soutien qu'impose la société aux membres du couple.
Ca nous change de la parole unique dogmatique, non ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il est clair que, quelque part, cette division entre chrétiens est un bon signe: ça prouve que la question n'est pas une évidence et qu'il faut y réfléchir, en se basant sur l'Ecriture, la Tradition et, pourquoi pas, le bon sens et la compassion.
Néanmoins, je vis toujours dans l'espérance (ça veut dire que je n'ai pas beaucoup d'espoir...) que les grandes dénominations chrétiennes deviennent le fer de lance de la lutte contre l'homophobie, comme elles doivent l'être pour le racisme, l'antisémitisme, le sexisme, la torture, la dictature, l'esclavage, etc.
Et le fait qu'en ce début de siècle, aucune des grandes dénominations n'y soit encore parvenu (pas même en prend le chemin) à l'échelle mondiale est une déception.