dimanche, octobre 16

Commentaire de Matthieu 22, 15-21

Cette semaine c'est à nouveau Jean Vilbas, créateur de la revue Miettes de la Table (bientôt en ligne) qui nous commente l'Evangile du dimanche.

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22,15-21
Alors les pharisiens se concertèrent pour voir comment prendre en faute Jésus en le faisant parler.
Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d'Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens.
Donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à l'empereur ? »
Mais Jésus, connaissant leur perversité, riposta : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l'épreuve ?
Montrez-moi la monnaie de l'impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d'argent.
Il leur dit : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? —
De l'empereur César », répondirent-ils. Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Commentaire

Dans ce passage comme dans plusieurs du livre, l’évangéliste situe l’originalité du message de Jésus en le confrontant à des adversaires théologiques représentant divers courants du judaïsme ancien. Jésus est ici pris à parti – par les membres de deux groupes habituellement rivaux ! - sur une question qui concerne la pertinence politique de son enseignement.

Est-il, sous couvert de religion, un dangereux agitateur politique ? Est-il au contraire, sous couvert de piété, un piètre collaborateur ? Toute réponse à la question : « Est-il permis oui ou non de payer le tribut à César ? » - question qui n’est rien d’autre qu’un piège - présente un caractère risqué.

Jésus échappe à la logique redoutable de ses adversaires en préconisant une voie équilibrée qui situe la fidélité à Dieu dans la perspective du maintien d’autres responsabilités.

Cette question qui est au fond celle de la place du disciple de Jésus dans le monde a reçu des réponses diverses à travers l’histoire du Christianisme. Durant le long régime de « chrétienté », quand l’Eglise n’était perçue que comme la facette religieuse de la société, la fidélité aux pouvoirs politiques et aux institutions était signe de la fidélité au Christ. A la Réforme, trois autres options se sont présentées. Luther a avancé la théorie des deux règnes – la plus proche en apparence de la réponse de Jésus dans ce passage – au risque de vouer le chrétien à l’écartèlement perpétuel. A contrario, les Anabaptistes ont privilégié l’obéissance première et exclusive au Christ, sans craindre de sombrer dans un séparatisme extrême, signe de l’appartenance au peuple des élus. Calvin, en reconnaissant en tout la souveraineté absolue du Christ, n’a pas évité le piège d’une société théocratique.

Le siècle qui vient de s’achevera entraîné de profonds bouleversements pour le Christianisme : sa diversification culturelle et confessionnelle autant que ses tentatrives de réconciliation, son affaiblissement numérique, sa tentative d’aggiornamento et sa nécessaire mais parfois frileuse résistance face aux idéologies totalitaires sont autant de facteurs qui ont pesé sur le siècle passé.

Qu’en est-il aujourd’hui de notre fidélité ?

C’est une fidélité responsable qui ne saurait se retirerdu monde ni ne soustraire aux interrogations de nos contemporains pas plus que Jésus n’a éludé les questions – même piègées – de ses interlocuteurs.

C’est une fidélité intelligente, fondée sur le discernement, qui sait peser les véritables enjeux de tout choix.

C’est une fidélité cohérente qui n’a pour ce faire d’autre critère que celui de l’amour du Christ.

C’est une fidélité qui ne nous appartient pas car elle est en nous le fruit de l’Esprit.

Pour aller plus loin

Lire 1 Thessaloniciens 1 :1-5


Les chrétiens de Thessalonique sont un témoignage de la bonté de Dieu et de la véritable efficacité de l’Evangile.

1. Comment peut on comprendre la souveraineté de Dieu dans ce monde et dans nos vies ?

2. Comment éviter l’éclatement de notre vie ?

3. Le chrétien a-t’il des responsabilités citoyennes ?

4. Qu’est-ce que Dieu attend que nous lui rendions ?

Prière

Seigneur, apprends moi à peser le sens de ce mot que j’utilise si souvent dans mes prières. Amen.

5 commentaires:

regardmoderne a dit…

salut, je parcoure régulièrement ton blog je suis, ou en tous cas je me sens chrétien; chrétien et gay; je vis avec le mec mec depuis 21 ans maintenant.
je ne suis pas dogmatique, au sens ou je n'ai pas besoin d'eglise pour être avec Dieu . enfin, je suis avec Jesus, pas forcément comme fils de Dieu car ça personne n'en sait rien, personne ne peut le prouver mais parce que Jesus est pour moi avant tout le premier revolutonnaire, avec le premier et le seul discours fondamental qui vaille la peine et qui ouvre toutes les portes par la suite,et cela en pleine liberté:
aimons nous les uns et les autres.

Jean-Marc a dit…

Oui, Jésus (Lui-même et pas seulement son discours) nous ouvre toutes les portes. Il suffit de Lui faire confiance (= croire en Lui).
Mais je pense qu'on a besoin d'une communauté de chrétiens pour progresser sur ce chemin.
j'aime bien ton blog: je l'ai mis en lien sur le mien.

Anonyme a dit…

Personnellement, je pense qu'un chrétien ne devrait pas se mêler de politique. Il faut bien séparer les deux domaines: spirituel et temporel. La politique représente un piège pour le chrétien car elle l'expose à des pratiques partisanes, à la soif du pouvoir et à l'orgueil. Dieu nous appelle à proclamer la Bonne Nouvelle et à nous aimer les uns les autres dans l'humilité. La politique ne doit pas se mêler des affaires des églises et les églises ne doivent pas s'investir dans la politique (je dis bien "politique" et non "société" en raison du rôle social indispensable des églises). Et quand j'entends un représentant d'une église prêcher politiquement les cheveux se dressent sur ma tête !!! Chaque chrétien est responsable devant Dieu de ses choix politiques, mais il n'existe aucunement une ligne politique qui serait "plus chrétienne" qu'une autre !!!

Jean-Marc a dit…

Théo, tu soulignes le risque de pratique partisanne. Mais comment les chrétiens peuvent-ils contribuer au changement de la vie de la cité sans prendre parti d'une manière ou d'une autre ? Ne sont-ils pas appeles à être dans le monde sans être du monde (bien que cet équilibre soit certes délicat) ?
Je pense qu'un chrétien peut être engagé dans un combat politique, à condition de ne pas en faire un absolu, une idôle.
Mais c'est mon humble avis...

Anonyme a dit…

Je pense que ce qui est primordial, ce n'est pas le changement de la société, mais le salut des âmes ainsi que l'amour du prochain pratiqué dans le quotidien, éventuellement au sein d'une oeuvre sociale mais pas nécessairement. Dieu ne nous appelle pas à changer la société, mais à inciter au changement des coeurs ! Jésus n'est pas venu avec un programme de libération politique (n'en déplaise à certains), mais avec une promesse de libération spirituelle. C'est pourquoi il ne faut pas mélanger politique et religion. Certes le chrétien peut s'engager au sein d'un parti politique, mais en faisant bien la distinction engagement politique et engagement spirituel. La dérive théocratique n'est jamais loin...et les exemples historiques de théocratie desservent bien souvent la crédibilité du message évangélique !