samedi, octobre 29

Commentaire de Matthieu 23:1-12

C'est à nouveau Jean Vilbas qui nous propose cette semaine son commentaire de l'Evangile du dimanche. Pour ma part, je vous retrouverai mercredi. Bonne fête de la Toussaint !

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 23:1-12
Alors Jésus déclara à la foule et à ses disciples :
« Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Pratiquez donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous dire. Mais n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas.
Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ;
ils aiment les places d'honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues,
les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n'avez qu'un seul enseignant, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé.
Commentaire

Ce passage introduit la longue diatribe de Jésus contre les scribes et les pharisiens qui leur vaut jusqu’à aujourd’hui une si piètre réputation. L’antisémitisme « chrétien » a puisé dans ces phrases des ressources innombrables alors qu’aux dires de certains spécialistes on trouverait simplement dans ces déclarations un écho de la manière dont les divers courants du judaïsme - dont étaient les premières communautés chrétiennes – se livraient combat.

Le premier enjeu de ce texte est de marquer la radicale nouveauté de Jésus-Christ dans ce maillage religieux complexe : lui seul est maître de la loi, lui seul détient l’autorité. Poser cette affirmation tranche dans un contexte où le savoir et la sagesse des maîtres qui ont précédé sont primordiaux mais aussi dans le nôtre où tant d’ « experts » voudraient imposer le diktat de leur « sagesse » .

Le deuxième enjeu est de tirer de ces affirmations des conséquences pour la vie pratique du peuple nouveau que constituent les premières communautés chrétiennes – et les nôtres à leur suite. Conséquences encore partiellement entendues, encore imparfaitement réalisées dans leur exigence radicale : se séparer de tout attrait pour le pouvoir, les honneurs, les calculs au sein de la vie communautaire. A ces fruits de l’orgueil si prompts à se manifester, l’évangéliste oppose les paroles de Jésus qui affirment l’égalité totale de tous les croyants et l’exemple suprême de sa vie tout animée par l’esprit de service.

Le troisième enjeu n’est pas de charger à nouveau le courant pharisien de tous les maux mais de chercher ce qui peut être radicalement déviant dans la spiritualité que Jésus dénonce. Trois mises en garde peuvent être tirées de ce passage.

Veiller d’abord à éviter la discordance des propos et des actes ! Il n’y a pas d’autre « vraie spiritualité » que celle qui engage notre être tout entier et qui se vérifie dans la cohérence de ce que nous disons et de ce que nos actes disent de nous.

Veiller ensuite à ne pas écraser l’humain sous le poids de règles aliénantes. Chercher à être des purs et durs de la vérité biblique, c’est souvent laisser la pureté de l’Evangile de grâce s’évanouir devant la dureté de nos cœurs religieux. Seul l’amour de Dieu, gratuit et inconditionnel, sait transformer en cœurs de chair nos cœurs de pierre et il c’est là un des signes tangibles de notre entrée dans la nouvelle alliance.

Veiller enfin à ne pas faire de notre réponse à l’amour de Dieu une vertu méritoire devant Dieu ou devant les hommes ! « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » demandait Paul. Il ne s’agit pas de s’enfermer dans une fausse humilité peut être plus fatale encore que l’orgueil mais d’apprendre à vivre dans la reconnaissance.

Cohérence, grâce et reconnaissance ! Trois mots pour vivre une spiritualité toute traversée de la certitude joyeuse de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ qu’annonce l’Evangile.

Pour aller plus loin

1. Que penses-tu de la centralité de Jésus affirmée par Matthieu ?

2. Comment comprendre l’égalité des croyants ?

3. Le chrétien est-il à l’abri de la spiritualité des Pharisens ?

4. Comment s’en garder ?

Prière

Seigneur, libère-moi par ton Esprit pour que ma relation à toi et aux autres soit empreinte de cohérence, de grâce et de reconnaissance. Amen.

Aucun commentaire: