jeudi, janvier 12

Comment renouveler l'Eglise dans une société post-moderne ?

L'Eglise est-elle condamnée à disparaitre ? Oui, si elle ne s'adapte à la culture post-moderne qui caractérise notre société. C'est en substance le message de Michael Moynagh, pasteur anglican de l'Eglise d'Angleterre, et auteur de "L'Eglise autrement.Les voies du changement. Ce livre est passsionnant, car il ouvre de nouvelles perspectives pour faire évoluer l'Eglise. En voici quelques unes.

L'Eglise ne doit pas attendre que les gens viennent vers elle, mais elle doit aller vers eux, non pas pour les évangéliser d'une manière directe, mais pour les écouter et tenir compte de leurs attentes. Autrement dit, elle doit avoir une démarche "marketing" pour satisfaire ses "prospects". ¨Pour cela, elle doit comprendre la culture post-moderne actuelle et ses valeurs: approche iconoclaste, relativisme, rejet des institutions et hiérarchies au profit des réseaux et groupes d'intérêt commun, primat de l'instant présent et l'expérience personnelle, individualisme, pluralisme, diversité, etc. L'auteur fait d'ailleurs une longue analyse sociologique de ces valeurs.

OK, vous allez me dire, mais l'Eglise ne risque-t-elle pas ainsi de se "prostituer", de perdre son âme en s'alignant sur les valeurs du "monde" (pour reprendre le terme employé par l'évangéliste Jean) ? Il faut évidemment rester attentif à ce risque. Ceci dit, certaines des valeurs post-modernes sont tout à fait conformes au message de l'Evangile. Il s'agit d'ailleurs plus de changer de forme, pour que celle-ci reste en phase avec son temps, que de modifier le fonds qui reste évidemment intangible. Souvent, nous n'avons même pas conscience que nous confondons la contenu (la Bonne Nouvelle) et de le contenant (la manière dont la Bonne Nouvelle est annoncée).

Parmi les pistes favorisant l'essor de cette église émergente, Michael Moynagh suggère notamment la multiplication de petits groupes autotégérés qui regrouperaient des personnes ayant les mêmes centres d'intérêt et auraient une certaine autonomie, tout en développant des liens avec "l'église mère". En lisant ces propositions, je me suis dit que c'est un peu ce que je vis actuellement dans ma paroisse anglicane. J'y ai créé un groupe gay et lesbien qui reste ouvert à tou(te)s quelque soit leur orientation sexuelle. Nous commes complètement intégrés dans l'église. Plusieurs des membres du groupe participent à d'autres activités de l'église qui ne sont pas prioritaitement destinées aux gays et lesbiennes. Et nous nous autogérons, tout en restant sous la supervision du staff de l'église.

Une autre caractéristique d'une église post-moderne est de proposer des liturgies diverses et variées, selon les goûts et désirs des uns et des autres. Le culte "classique" du dimanche est maintenu, mais d'autres cultes alternatifs apparaissent le dimanche soir ou même en semaine. Les gens prennent ainsi plaisir à louer Dieu dans un style qui leur correspond(jazz, gospel, Taizé, etc.). De plus en plus d'églises, notamment anglicane, proposent des services alternatifs. Pour vous rendre compte de ce à quoi cela peut ressembler, allez faire un tour sur le site de Cathedral of Hope. Cette église gayfriendly, basée au Texas, propose un culte de style liturgique appelé " Energetic Liturgical Worship" le dimanche matin, et un culte informel de style charismatique/évangélique appelé " Praise & Worship Service" le mecredi soir. Et pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, les vidéos de ces deux services sont visible sur leur site web.

J'aime l'image d'une Eglise à la fois une et diverse, ou plutôt unie dans la diversité. J'essaie à mon niveau de contribuer à cette Eglise car je crois que le Christ aime la diversité.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

L'Église est-elle condamné à disparaître? La plus belle réponse à ça, je l'ai lu dans un forum de Café Laurentien de l'Église Unie du Canada.J'ai retrouvé le même texte dans la revue "CREDO" de notre église. Le texte est d'un épiscopalien américain. Je te le partage.

"Le christianisme, une idole mortelle ?"

Cher Warren,

Ma réponse est simplement oui. Si le christianisme peut mourir, il devrait mourir et doit mourir. S'il a besoin de toi et de moi pour le défendre contre ses ennemis réels ou imaginaires, eh bien, il est en difficulté!

La vraie question est : qu'est ce que le christianisme ?
C'est ce qu'en dit le pape ?'
C'est ce qu'en dit Bill Graham ?
C'est ce qu'en dit Jerry Falwell ou James Kennedy ou Robert Schuler ?
Tu vois quand nous posons la question en ces termes, nous découvrons qu'il n'y a pas de consensus. Quand les défenseurs du christianisme définissent ce qu'ils entendent par christianisme, il n'y a pas de consensus.

Au cours de l'histoire, le christianisme a dramatiquement changé. Il fut un temps où le pape était marié, un temps où l'Eglise enseignait qu'investir de l'argent avec intérêt était un péché, un temps où l'esclavage était accepté, un temps pendant lequel les penseurs critiques étaient envoyés au bûcher!

L'Eglise n'a développé la doctrine de l'incarnation qu'au 4ème siècle, et la doctrine de la trinité n'a été développée complètement qu'au 5ème siècle. On a enseigné qu'Adam et Êve étaient des personnes réelles, que Moise avait écrit la Torah et que David était l'auteur des Psaumes. Aucune de ces "vérités" n'est crédible aujourd'hui dans les grands centres d'érudition chrétienne.

Nous savons maintenant que la naissance virginale est entrée dans la foi chrétienne vers les années 90 de l'ère chrétienne et que ni Paul ni Marc n'en ont entendu parler. Tout ceci me conduit à affirmer que le christianisme n'est pas un système fixe né le jour de la Pentecôte et qu'il devrait mourir au 21ème siècle.

Le christianisme c'est le processus dont les êtres humains cherchent à pénétrer le mystère de Dieu. Ce processus n'est pas différent de l'océan ; sa forme change mais non sa substance. Les personnes qui veulent le défendre en ont fait une idole. Une idole est mortelle.

La voie par laquelle le Dieu vivant se révèle ne meurt pas.
Le christianisme peut se transformer mais ne mourra pas.
Ses formes, ses credos, ses doctrines, ses dogmes, ont des créations humaines mortelles. Personne ne possède la vérité ultime. Il y a une expérience subjective que les humains expliquent par des mots.

Entre donc dans le courant de l'histoire qui s'appelle "le christianisme" et permets-lui de te conduire, dans le mystère de Dieu, selon des voies jamais imaginées, mais ne t'attends pas à ce que les formes du Christianisme, développées au cours de l'histoire soient immortelles.

(John Shelby Spong, ancien évêque du New Jersey)

Anonyme a dit…

Plus d'informations sur l'église Emergente ici :

http://foispiritualitepsycho.blogspirit.com/eglise_emergente/


Et ici :
On y parle d'une "orthodoxie généreuse"

http://www.temoins.com/article.php?rubrique=recherche&id=108

Une réponse aux interrogations de John Shelby Spong, ... le christianisme a changé et doit encore changer, tout en actualisant le message du Christ.

La croyance de l'Eglise du Moyen Age était que l'Eglise devait régenter chaque acte de la vie, du lever au coucher du soleil et même de la nuit.

La recherche d'une communauté de foi avec d'autres chercheurs de foi est toujours à mon sens d'actualité.

Il faut aussi "inventer" une autre manière de "faire église" ensemble.

Anonyme a dit…

Plus d'informations :

Eglise Emergente

L'Eglise Emergente fait partie de mes sujets de prédilection

Anonyme a dit…

Tuons l'idole et tournons nous vers Dieu !