samedi, novembre 18

Sortir de la dépendance sexuelle


Tout à l'heure, j'ai jeté la dernier cassette pornographique qui me restait ! Et je ne suis désormais plus abonné à Pink TV pour éviter la tentation de regarder certains films après minuit... J'ai un peu honte de vous dire ça. Mais , après tout, que celui qui n'a jamais cédé à la pornographie me jette la première pierre ! Suis-je devenu moralisateur, bigot ou "coincé" ? Je ne le pense pas. J'essaie seulement de cheminer vers toujours plus de liberté en Christ. J'ai longtemps souffert de dépendance sexuelle. Pendant des années, j'étais sous l'emprise de compulsions sexuelles qui m'ont éloigné des autres et d'une vraie relation. Heureusement, le Seigneur a eu pitié de moi. En retrouvant la foi il y a environ 4 ans, et en fréquentant une église où j'ai été accueilli tel que je suis, je suis progressivement sorti de mon addiction. La prière, le vie fraternelle et le contact avec d'autres chrétiens homosexuels ont été déterminants pour moi.

Néanmoins, je reste vigilant. Alors que je m'étais débarrassé depuis longtemps du matériel pornographique dont je disposais, ainsi que de divers accessoires (vous voulez un dessin ?), je me suis surpris à commencer à regarder à nouveau certains films porno, par curiosité plutôt que par réel intérêt, et finalement à enregistrer certaines scènes au cas où... Je suis sûr que vous comprenez ce que je veux dire! En quoi, est-ce un problème me direz-vous ? Après tout, ne sommes-nous pas entourés de sollicitations sexuelles ? Il suffit de lire un numéro de Têtu pour s'en rendre compte. Je pense pourtant que cet excès d'érotisation est malsain pour notre épanouissement. A force de vivre dans l'imagination et les fantasmes, on finit pour ne plus vivre dans la réalité. On s'isole, et on ne se rend pas disponible pour de vraies relations.

Aujourd'hui, après des années de promiscuité et d'addiction sexuelle, je suis dans une relation d'amour qui me nourrit. Grâce à elle, je m'aperçois combien est vaine toute cette vie fantasmagorique à laquelle nous succombons bien souvent. J'essaye de vivre de façon "chaste", c'est-à-dire en respectant mon partenaire, en le traitant comme un sujet et non comme un objet. Mais mon passé me rattrape parfois. Je me rends compte que je ne sais pas toujours m'y prendre pour aimer. Je confonds "baiser" et "faire l'amour". J'ai du mal à articuler sexe et amour, car j'ai longtemps dissocier les deux. Alors, je m'en remets à Dieu, ma "Puissance supérieure" pour reprendre la terminologie des DASA (Dépendants Affectifs Sexuels Anonymes). Je lui abandonne le contrôle de ma vie. Moi-même, je ne sais pas aimer. Mais puisque l'Esprit vit en moi, peut-être n'ais-je qu'à le laisser aimer en moi !

J'aimerais bien que vous partagiez vos expériences personnelles sur ce sujet. Gardez l'anonymat si vous voulez. Etes-vous un "consommateur" de pornographie et/ou un adepte de rencontres d'un soir ? Comment articulez-vous ça avec votre foi ? Y a-t-il deux personnages en vous: le gay d'un côté, le chrétien de l'autre ?

PS: je vous recommande la lecture de "Enfin Libre ! Ou comment rompre les chaînes de la dépendance" du Père Bernard-Marie Geffroy, curé de l'église catholique Saint-Leu-Saint Gilles. J'en reparlerai prochainement

14 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci d'être aussi vrai! c'est touchant...
ce n'est pas moi qui te jetterais la 1ère pierre...
qui n'a pas eu/a/ ou aura des attitudes compulsives que tu décris?
C'est tellement facile de dissocier sexe et amour, tellement simple quand on est en manque. C'est bon et on oublie tout! Mieux que la drogue, car naturel. Mais la dépendance dissocie sexe et amour et après, c'est difficile de reconnecter les 2: dans l'absolu, il n'y a pas de sexe sans amour.
Pour moi, je suis devenu dépendant du sexe par internet et surtout au téléphone où il n'est pas utile de décrire mon état ni la teneur des propos...le pire, c'est qu'il me devient impossible de me masturber sans utiliser un de ces moyens désormais...
J'ai cependant constaté que le pardon sacramentel était d'une grande efficacité pour cela. En effet, l'ayant reçu il y a peu, j'ai remarqué ceci:
- je vois plus le corps de l'autre comme autre, et non plus comme mon moyen de plaisir
- je me rends un peu plus compte de mes "conneries"
- je suis moins attiré, et, à la limite, "ça ne fait plus rien".
Et ça n'a rien enlevé à mon désir de recontrer un garçon pour construire une relation amoureuse, dont l'expression physique et sexuelle sera une conséquence de l'amour, et non pas l'inverse, où en fait on n'aime pas, mais on prend uniquement du plaisir, même s'il est partagé.
Non tu n'es pas bigot ni coincé. Le sexe est tellement beau et sacré qu'il est facile à déformer et objet d'attaques. C'est impressionnanant et ce bien reçu de Dieu mérite de la part de touyt homme le plus grand respect. On ne devrait manipuler le sexe qu'avec d'infinies précautions...
Volià mes grands discours et mon témoignage parcellaire de "sexe addict".

Anonyme a dit…

moi j'en suis à essayer de résister à l'achat d'une cam pour faire ce que tu peux imaginer.....

Anonyme a dit…

Je crois que c'est la grâce qui agit en toi.Tu es honnête et tu reconnais tes limites et ta dépendance. Tu nous la partage et tu n'ignores surement pas que tu es loin d'être le seul à vivre ça. Mais ceux qui se reconnaissent dans ce que tu vis, tu les aides par ta franchise. Merci Jean-Marc, tu me touches beaucoup une fois de plus.

Anonyme a dit…

Ton message me pose plusieurs questions :
- Ai-je le courage de parler vrai sous mon nom ? La réponse est là, puisque je signe... Mais j'ai réfléchis à cela. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas toujours fier de ce que j'ai vécu.
- Ai-je un attrait pour le porno ? Je ne crois pas et je n'en ai aucun mérite. Il me semble que de ce côté-là, la grâce de Dieu m'a retenu. Il faut dire que j'ai "découvert" mon homosexualité à une période de ma vie où je ne pouvais imaginer franchir certaines barrières, barrières choisies librement.
- Pourquoi ai-je été, à un moment de ma vie, recherché des rencontres sexuelles anonymes ? Pour me persuader que j'étais aimable et pouvait penser à une relation avec un autre, sans le souhaiter à ce moment-là. Le fantasme de l'amour fou...

Aujourd'hui, j'ai pris des décisions importantes qui m'ont conduit ailleurs. Je ne cherche plus depuis plusieurs années ces contacts en fin de compte peu satisfaisants. Je suis heureux en couple et je découvre chaque jour avec lui ce qu'aimer veut dire vraiment.
De plus, la prière et le pardon m'ont aussi conduit vers plus de vérité, avec moi-même, avec les autres et avec notre Seigneur.

J. et moi sommes abonnés à Pink, mais nous nous couchons tôt... Et ce n'est pas la seule station de TV que nous ayons à notre disposition. Nous faisons des choix. Il y a bien d'autres émissions, intéressantes ou distrayantes, sur Pink que ces films qui, il faut le reconnaitre, ne sont diffusés que pour attirer le client.

Jean-Marc a dit…

Merci pour vos différents commentaires. Ca me parait important de parler de cette réalité qui touche bien des gays, en tout cas de ceux que je rencontre. Faire la politique de l'autruche ne résout rien, au contraire. C'est en regardant la choses en face que l'on peut commencer à s'en libérer. "La vérité nous rendra libre".
Derrière nos compulsions, il y a un désir d'être comblé. Bien sûr,y succomber ne permet pas de réaliser ce désir. Nous sommes dans l'illusion et nous "ratons notre cible" (définition du péché).
Prions Dieu qu'il nous délivre de nos chaînes, qu'il nous aide à en prendre conscience et à vivre dans la réalité.

Anonyme a dit…

Grand merci à toi Jean-Marc de nous inviter à cette réflexion. De l’amour humain ce qu’il faut ôter, - pour le rendre pur, bienfaisant et finalement joyeux, - ce n’est pas l’amour lui-même non, surtout pas, ce qu’il faut supprimer ou plutôt dépasser, c’est l’inapaisable faim charnelle qui par le plaisir seulement peut l’abîmer.
Ton message est celui d’un homme qui avance vers Dieu avec confiance et en ce cela, il me touche. Cela me fait penser à un mot de Julien Green auquel tu souscrirais certainement : « J’ai désiré trop de choses, à la fois la chair et l’esprit, tous les bonheurs possibles, mais, au-dessus de tout, je place l’amour ».
François.

Anonyme a dit…

Salut Jean-Marc,
Je suis très touché par ton témoignage. Je suis un dépendant affefectif et sexuel (et alccolique). J'ai connu un état de grâce pendant 3 ans (plus d'infidélités, ni masturbations...) bref sexe rimait avec amour avec mon ami. Ceci grâce à DASA. Hélas, peut-être parce que je suis loin de Paris, donc loin des réunions DASA de Paris, je connais un certain nombre de rechutes. (Saunas, Internet...) Le sexe devient comme une drogue. J'ai besoin de ma dose. Mais, je ne doute pas que Dieu va me ressortir de ce merdier comme il l'a fait dans le passé. "Seigneur sauve-moi !" Dieu merci, je n'ai pas retouché à l'alcool.
L'addiction (au sexe, à l'alcool, à la drogue, à la nourriture) est une maladie. Les addits ne sont pas responsables de leur maladie mais de leur rétablissement.
Seb

Anonyme a dit…

L'article est très touchant!!! Pour ma part, je dirais que je n'ai pas besoin d' "accessoires", car mon mec me comble et je le comble. Mais je crois que tout devrait être vécu dans la foi, pour ne pas que l'autre devienne un objet.

Jean-Marc a dit…

Je pense moi-aussi que le fait de ne pas assumer son homosexualité et/ou de vivre dans le placard favorisent une sexualité déconnectée de l'amour. Je me souviens du temps où je faisais partie d'une communauté charismatique et où je passais mes soirées à draguer. A l'époque je ne m'acceptais pas du tout. Ca a pris du temps. Je n'ai pas fait mon coming out qu'à 30 ans...alors que je n'étais pas chrétien.

Robert a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Robert a dit…

Bonjour les garçons,
Je lis vos commentaires ma foi fort intéressants. Vous fuyez l'aliénation et je crois que vous avez raison, quand on perd sa liberté, on se perd soi même et on entre dans ce que l'Eglise appelait et appelle encore le péché mortel.
Mais j'ai simplement deux petites remarques à faire :
-premièrement attention à ne pas confondre les participes passés et les infintifs. Il suffit de remplacer le verbe par un verbe du troisième groupe, si ça ne marche pas alors il s'agit d'un participe passé. Héhé :o))
-deuxièmement, il me semble qu'il faille faire attention à ne pas quitter une aliénation pour retomber dans une autre aliénation : je vais peut-être vous paraître trop libéral, mais je considère que le sexe pour le sexe EN SOI, même quand il n'est pas rattaché à une "relation" n'est pas mauvais, qui pourrait dire le contraire? Celui qui en a éprouvé de la culpabilité? - post coïtum animal triste. Mais la culpabilité est à dépasser. Regarder deux mecs baiser et en prendre du plaisir n'est pas mauvais en soi. Je dirais que la chose est même porteuse d'une certaine neutralité, comme celle de savourer un excellent gâteau...
pourquoi charger moralement la bite plus que le gâteau, la génitalité plus que l'oralité ?
Avoir un épisode de sexe ne me semble pas mauvais en soi non plus. Qui pourrait dire le contraire? Celui qui ne l'a jamais eprouvé?
Pour moi, l'éthique chrétienne, va au-delà de la morale moralisatrice car elle englobe l'être tout entier, et l'homme peut avoir en conscience s'il se rapproche de Dieu, il peut avoir une claire vision de son péché et de la limite à ne pas dépasser sans que certains frustrés viennent nous le faire comprendre.
Ne nous voilons pas la face : oui il y a des gays qui sont aliénés dans leur sexualité comme il y a des hétéros qui le sont d'ailleurs, comme il y a des alcooliques etc..., mais prenons garde à ne pas dénigrer ce que le corps peut nous apporter de bon et de TRES bon sous prétexte que d'autres y ont renoncé à cause d'une autre aliénation.
Alors cela pourra vous peut-être sembler un peu compliqué mais c'est selon moi la seule théologie du corps saine et responsabilisante qui nous permet de part et d'autre un plein épanouissement, et qui nous rend crédible.

Jean-Marc a dit…

Merci, Robert, de venir remettre les choses à leur juste place face à une discussion qui peut sembler puritaine. Effectivement, le sexe en soi peut être vu comme neutre. Mais à la différence d'un gâteau il me met en relation avec un(e) autre que moi...

Je crois aussi que nous ne devons pas généraliser l'attitude à avoir face au sexe. A ceux qui n'ont pas encore connu les joies du sexe, et qui en souffrent au point d'être mal dans leur peau, on pourra peut-être recommander de se "libérer". A d'autres, on recommandera la vigilance. Le critère déterminant à mon avis est la liberté intérieure que cela nous procure.

Anonyme a dit…

Bonjour Jean-Marc,

Je découvre ton blog que je trouve passionnat !
Moi aussi je fais avec une série de dépendances. À l'alcool, mais aussi au sexe compulsif, au net etc... Toute une série de choses qui alimentent une sorte fuite de ma réalité. Bien sur que le sexe en soi n'est pas mal. Mais quand cela devient une obsession, quand on a l'impression de devoir se shooter à l'excitation, on a l'impression de ne plus rien maitriser.
j'ai eu la chance de rencontrer les Alcooliques anonymes, dont le programme spirituel m'a permis de m'accepter tel que je suis. J'ai aussi redécouvert les chemins de la foi chrétienne. Abstnent d'alcool, je ne consulte plus non plus de porno, mais j'ai du mal avec les fantasmes - cet am encore je n'ai pas pu m'empêcher de passer dans une rue où j'allais voir des prostituées, et relancer ainsi la machine intellectuelle à s'exciter... Pourtant, il n,e s'agissait que de voir, mais je sais que de la pensée à l'acte, je ne suis jamais très loin.
Je ne peux malheureusement pas participer à des éus de DASA, car il n'y en a pas sur Lile.
Je suis inscrit sur ce forum : http://dependance-sexuelle.info qui m'aide dans le domaine de l'addiction sexuelle.

Voilà mon témoignage.

Anonyme a dit…

Pour moi, c'est une vraie difficulté... Pendant bien des années, je me suis interdit toute vie de couple en pensant que c'était "s'installer dans le péché". Résultat : des rencontres passagères de plus en plus nombreuses, simplement baiser pour baiser, la dépendance, et la culpabilité par dessus qui ne faisait qu'empirer la situation.
Il m'a fallu beaucoup de temps pour essayer "d'améliorer" la situation... mais de très peu. Et aujourd'hui, je vis en couple, mais mon ami est à l'étranger, on ne se voit qu'une fois par mois et... c'est peu tenable, la drague revient... En plus, j'habite à deux pas d'un lieu de drague, ça n'aide pas ! Je ne sais pas si c'est une addiction ou la force de l'habitude qui m'a asservi. Pourtant, j'ai compris que le Seigneur est patient et qu'il voit mes progrès, même s'ils sont bien lents. Mais voilà, priez pour moi !