jeudi, décembre 7

Honte d'être gay ?

Arrêtez-vous un moment et laissez aller votre imagination. Imaginez qu'à l'instant même, là où vous êtes, alors que vous lisez cet article, que Jésus entre dans la pièce où vous êtes et vous remarque. Que feriez-vous ? Imaginez cette scène pendant un moment.

S'il s'agissait du président de la République, sans doute vous lèveriez-vous pour le saluer. De même s'il s'agissait de l'Archevêque de Canterbury. Si on vous présentait au pape, et que vous êtes catholique, peut-être feriez-vous un geste de génuflexion devant lui et embrasseriez-vous sa bague.

Mais que feriez-vous si Jésus lui-même entrait dans la pièce ? Peut-être tomberiez-vous à terre en adoration. Ou à genoux pour le supplier. Ou bien vous cacheriez-vous derrière la personne devant vous afin de ne pas être vu. Ou bien encore partiriez-vous pour ne pas avoir à le rencontrer. Pourtant l'Evangile de ce 1er dimanche de l'Avent ne nous offre qu'une seule réponse. Si vous n'avez pas répondu "je me redresserai et je lèverai la tête, je le regarderai carrément les yeux dans les yeux, en tête à tête", c'est que vous avez sans doute éludé la question.

Nous autres gays et lesbiennes ne sommes pas différent(e)s de nos frères et soeurs hétérosexuel(le)s. Pourtant, notre rencontre avec le Christ ressuscité est trop souvent marquée par une profonde honte.Il est essentiel de prendre conscience de cette honte, de la nommer, de la confronter dans toute sa réalité. Trop souvent, notre honte est enracinée dans une profonde haine de soi. Ce n'est pas juste. Cette haine de soi peut être en partie liée à un style de vie marqué par la promiscuité. Mais plus souvent sa racine réside dans le sentiment qu'être gay n'est pas OK. Ce sentiment doit être regardé en face. Nous devons nous y confronter pour qu'il se transforme.

C'est l'Avent et, au milieu du traumatisme catastrophique qu'est la fin du monde, Luc nous dit quelque chose de surprenant: nous sommes les fils et les filles de Dieu. Nous sommes les héritiers du Royaume. Nous sommes à la table parce que appartenons à ce lieu. Et, quand le roi entre, Nous n'avons pas besoin de nous incliner, de nous cacher ou d'avoir peur de quoi que ce soit. Nous aussi nous pouvons nous lever, le dos et les épaules droites. Nous aussi nous pouvons regarder le Seigneur dans les yeux.

L'Avent est fait pour les gens qui ne sont pas encore arrivés , qu'ils soient LGBT ou hétéros. Si vous n'êtes pas prêt à laisser le Seigneur entrer dans la pièce, c'est le moment de vous préparer à être prêt. Dans la 2ème lecture de ce dimanche, Paul nous dit ce qu'il faut faire: ouvrir nos coeurs, aimer d'un amour plus intense et débordant, nous établir fermement dans une sainteté sans reproche devant Dieu notre Père". Pas demain. Maintenant.

J'espère que vous vous joindrez à moi dans cet Avent en préparant vos coeurs à le venue du Seigneur !

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Décapant ton message ! Je dois avouer que si Jésus venais, je serais un peu (beaucoup)dans la honte ! Honte sans doute d'être gay et et honte d'avoir une sexualité parfois débridée. J'ai beau prêcher la grâce à mes paroissiens, mais ton message me fais montre que je ne le vis pas encore...

Anonyme a dit…

Ce message me pose question.
En effet, je crois que c'est seulement devant Jésus que je suis vraiment moi-même. Depuis toujours, je crois qu'il m'accueille tel que je suis et qu'il m'aime à chaque instant, même aux heures les plus troubles de ma vie.
S'il entrait dans la pièce, je me lèverais et me blottirais dans ses bras...
La honte vient du regard posé par l'autre. Il nait dans la peur et dans la projection que l'on fait des pensées de l'autre.
Je sais que Jésus ne me désigne pas du doigt, qu'il ne dévalue pas l'amour que je vis, qu'il ne me rejette pas parce que je suis homo...
Je crois qu'il contemple ma vie et m'invite à faire de même.

Anonyme a dit…

Le premier truc. Si quelqu'un ayant le "visage de Jésus" entrait dans la pièce, j'aurais la même réaction que saint Benoît: "Je ne crois pas que tu es le Christ. Si par hasard tu es vraiment le Christ, sache que je n'ai pas envie de te voir maintenant; je préfère voir le Christ seulement à la parousie. Et maintenant, dégage! au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit."

Par contre, le fait de me trouver devant le Christ et lui devant moi, c'est une chose que je conscientise à chaque eucharistie. Ma conscience est nue devant le Seigneur ressuscité present dans les éléments eucharistiques. Et c'est dans ces moments-là que j'ai pu discerner les plus grands tournants de ma vie.

Devant lui je n'ai pas honte parce que je suis gai. C'est toujours à une eucharistie que j'ai reglé ce problème avec lui, avant de partir à la recherche de l'homme de ma vie.

Par contre, c'est à l'eucharistie que j'ai honte des péchés non confessés.

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec toi !
" Notre rencontre avec le Christ ressuscité est trop souvent marqué d'une profonde honte". Je me reconnais parfaitement là-dedans et je crois que si Jésus se pointait maintenant, je ne ferais vraiment pas le fier !
Au fait, je viens de découvrir ton blog et je tenais à te féliciter. Bravo pour ce que tu fais ! Je suis sûr que ça doit aider plein de gens comme moi. Perso, je suis catho. Ton blog confirme que l'église anglicane est beaucoup plus ouverte ... J'en viendrais presqu'à me demander si je ne vais pas changer de chapelle ...

Encore bravo ! Peut-être à une prochaine à une rencontre du groupe Lambda (je vais essaye de venir).

Romain.

Anonyme a dit…

Si Jésus entrait chez moi? Honte? je ne sais pas comment je réagirais. Je dirais sans doute comme Pierre "tu sais bien qui je suis". Je pense que lorsque le regard de Jésus plongerait son regard dans le mien, je ne penserais plus à rien d'autre qu'à son amour pour moi.

Jean-Marc a dit…

Romain, n'hésite pas à venir. C'est un groupe oecuménique où les cathos sont les bienvenus !
La réunion débute à 16h précises. S'il n'y a personne à l'accueil, sonne sur "Bureaux".
Tu peux aussi me contacter directement