mardi, novembre 28

Faut-il être célibataire pour être chaste ?

Plusieurs d'entre vous se sont inquiétés de mon sort, après mon post du 18/11/06 sur la dépendance sexuelle. Merci de votre soutien fraternel. Sachez que je vais bien ces jours derniers. Je suis heureux d'avoir décidé de ne plus visionner de pornographie. C'est par des petit gestes volontaires comme ceux-ci qu'on peut se détacher de ce qui nous empêche d'aimer vraiment. Mon esprit est libéré phantasmes qui n'ont plus lieu d'être à présent que je suis dans une relation d'amour. Je ne sais pas combien de temps cela va durer , mais je vis en ce comment comme un état de grâce. Et l'amour de François me porte et rend tout ceci beaucoup plus facile !

Mais rassurez-vous, je ne suis pas devenu puritain pour autant. Je dirais même que le choix de la chasteté me permet de me rendre plus disponible à mon compagnon, corps et âme ! Je ne veux me donner qu'à lui de cette manière. Mais entièrement. Chasteté, abstinence et continence ne sont donc pas synonymes. La chasteté concerne tout monde, y compris les couples ! Lisez ce très beau texte de Paul Legavre, jésuite. Publié sur Croire.com , il fait écho à ce que je vis en ce moment. J'ai choisi de ne garder que les passages ayant trait aux couples, et d'ajouter quelques mots (en italique) pour le rendre inclusif ! Ca me ferait très plaisir d'avoir vos opinions et surtout vos expériences sur cette manière chaste de vivre la sexualité en couple !
La chasteté est un don de Dieu, comme tout ce qui nous fait tenir debout, comme tout ce qui nous permet d’aimer davantage. La chasteté est un des noms de l’amour, avec le respect, la compassion, le don de soi…Tous ces noms, mis ensemble, s’éclairent mutuellement et parlent de l’amour : ce terme renvoie à tellement de réalités différentes, qui pourtant font corps !
Plus précisément, la chasteté est la dimension du respect dans l’amour qui permet de ne pas être dans un rapport de possession. Elle concerne le rapport au corps, la sexualité, mais aussi les relations à autrui. Etre chaste c’est trouver la bonne distance, (et donc la bonne proximité), c’est accueillir l’autre tel qu’il est.
La chasteté peut s’observer dans le mariage, dans les couples d'homosexuel(le)s , dans le célibat consacré mais aussi chez des jeunes qui n’ont pas encore engagé leur existence . Ceux là aussi sont appelés à vivre la chasteté. Mais il ne faut pas confondre la chasteté, la continence ou l’abstinence. La chasteté dans un couple ce n’est pas se refuser l’un à l’autre, ou différer la rencontre des corps (l’abstinence, souhaitable à certains moments). Les gens mariés ou non éprouvent que être chastes, c’est ordonner la relation sexuelle à l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre. Ils nous disent que la rencontre des corps est quelque chose de beau, de grand : c’est une des plus belles chose que les couples (NB: l'homme et la femme selon l'auteur) peuvent vivre. De cette jouissance naissent la joie, la douceur qui sont bénies de Dieu, et l’exercice de la sexualité permet l’expression de l’amour et l’unification de la personne, dans un don de soi à l’autre pour toujours. Mais cet exercice de la sexualité pourrait aussi détruire, au travers de relations non chastes, dans l’asservissement de l’autre à son propre désir.
Mais il n’y a pas que dans la relation sexuelle que le corps se donne, car aimer c’est toujours, en définitive, donner son corps. Ce don prend des formes différentes. Il est présent au sein de l’amitié. Pas bien sûr sous la forme de l’exercice de la sexualité, mais dans des gestes d’affection et de tendresse chastes, dans lesquels il n’y a pas de place pour l’érotisme. La vibration des corps, la présence de l’autre, son regard, sa manière d’habiter son corps, affectent toute rencontre.
(...) La grande expérience du couple, c’est la conjugalité et c’est sur ce fond là que chacun vivra la fraternité. Alors que les célibataires sont structurés de façon décisive par l’expérience de la fraternité. Il y a une dimension eucharistique dans la vie de couple comme dans la vie de célibataire. Elle renvoie à la manière dont le Christ s’est donné : « ceci est mon corps, donné pour vous ». Donner son corps c’est se donner.
Alors la chasteté là-dedans ? Il peut y avoir chez les célibataires une manière de mettre la main sur autrui qui n’est pas chaste, alors qu’il y a une façon chaste de faire l’amour, nous disent les couples. Et tous, nous savons bien qu’il peut exister entre un homme et une femme des relations érotisées qui n’aboutissent pas à l’acte sexuel mais qui ne sont pas chastes !
(...) La chasteté est un combat mais vivre une relation chaste c’est toujours trouver la joie. La joie est la marque d’un amour vécu dans la chasteté. La jouissance, l’émoi, qui ne se transforment pas en tristesse, sont la marque d’un amour vécu dans la chasteté.

6 commentaires:

Flajuben a dit…

Bonjour et merci pour ce bel article sur la chasteté.

Il y a juste un truc qui me gêne, je l'avoue :
le fait que tu ajoutes quelques mots (en italique) pour rendre le texte inclusif.
Ca me gêne vis à vis de l'auteur, dont tu "trompes" en quelques sortes, peut-être, la pensée.

Jean-Marc a dit…

C'est la raison pour laquelle j'ai prévenu le lecteur et fait apparaître les modifications en italique, afin qu'il n'y ait pas de confusion sur ce qu'a écrit l'auteur. Mais je conçois que ce soit discutable. Tout comme les réécritures du Notre Père par exemple.

Anonyme a dit…

Il y a deux choses "nouvelles" que je trouve dans ton texte.

``La grande expérience du couple, c’est la conjugalité.>>``

Conjugalité, étymologiquement, ça veut dire: être atelés ensemble au même joug. Et ça doit être, forcément, un joug doux, comme celui du Christ, et pas lourd et âpre, comme celui des pharisiens.

``Il y a une dimension eucharistique dans la vie de couple.``

Ca me fait penser à un passage de "Dorian Gray" d'Oscar Wilde, qui met en parallèle la communion eucharistique et un certain type d'acte érotique. ``Les deux se reçoivent à genoux``, dit-il.

Maintenant, sans déconner, je crois aussi qu'il y a une dimension eucharistique dans le couple, dans la vie de tous les jours.

Anonyme a dit…

Quel défi de vouloir vivre des relations chastes !
Et pourtant la réflexion de Paul Legavre, judicieusement élargie par toi à notre réel, me paraît tellement vraie.
Vivre l'aventure du couple, c'est prendre le risuqe de l'autre, comme l'a fait Dieu en devanant Christ parmi nous.
"La joie est la marque d’un amour vécu dans la chasteté. La jouissance, l’émoi, qui ne se transforment pas en tristesse, sont la marque d’un amour vécu dans la chasteté."
A lire cela, J. et moi atteignons parfois cette chasteté féconde...
Mais, la chasteté n'est pas un état; c'est une quête, un chemin, une vie...

XTIAN a dit…

Bien d'accord avec toi la chasteté est un devenir .un en avant de soi.un pas après l'autre vers un absolu...mais pas l'unité de mesure de l'amour:nous errons le plus souvent étrangers à nous mêmes entre ombre et lumière,avec deux irréductibles ,la foi et la sexualité.toute une vie n'est pas de trop pour les réconcilier...Et nos histoires d'amour sont souvent marquées de souffrance plus que de joie. Elles n'en sont pas moins de vraies histoites d'amour;poussés les uns vers les autres par une part qui nous échappent,celui qui m'aime vraiment me voit à ce moment tel que Dieu me voit:bien plus grand que je ne me vois...ensuite nous faisons notre petite cuisine et gachons souvent tout...il n'importe il sagit bien d'amour et de pardon
Xtian

Jean-Marc a dit…

Timothy Radcliffe a plusieurs fois fait le lien entre sexualité et eucharistie. je cous recommande la lecture de l'excellente synthèse qu'a fait Ichtus75000 d'une conférence lors du colloque "Les chrétiens et la sexualité au temps du sida" organisé par l'association Chrétiens & Sida et le CRIPS Ile-de-France, le 14 février 2005:
http://ichtus75000.blogspot.com/2006/01/pour-un-nouveau-discours-chrtien.html